Enfin, presque

Archive for décembre, 2017

Je crois être l’une des dernières personnes au monde à avoir appris ce qui s’était passé à Charlie Hebdo. Quand cet odieux attentat s’est produit, j’étais au bout du monde. Littéralement. Au pôle Nord, dans cet incroyable pays plongé dans une nuit interminable, l’explorant de part en part en motoneige. C’est l’un des rares endroits sur Terre où le bruit du monde s’efface pour laisser la place au silence. Peu d’endroits au monde évoquent le même isolement qu’au pôle Nord, où 1’été ne connaît aucune nuit et l’hiver aucune lumière. ll y a seulement un siècle, personne ne s’était jamais tenu à la latitude 90 degrés nord. À présent le pôle Nord, endroit isolé qui fascina des générations d’explorateurs, est devenu une destination touristique. Mais les visiteurs y restent rares, et l’on peut passer des journées sans croiser un seul humain. Contrairement au pôle Sud, qui est un continent entouré d’océans, le pôle Nord est un bloc de glace entouré de continents. Et cette glace est en train de fondre. Alors, laissez-moi vous présenter cet extraordinaire voyage, avant qu’il ne soit plus possible (et si vous prévoyez de vous y rendre un jour, n’attendez pas trop longtemps). Depuis Spitsbergen, île principale de l’archipel Svalbard en Norvège et depuis Mourmansk, port russe le plus au nord, des brise-glace nucléaires naviguent dans le bassin arctique, à la vitesse de 20 nœuds. Les rares passagers qui se sont lancés dans cette expédition incroyable aux confins du monde sont à bord, loin de toute civilisation. Lorsqu’on ne guette pas les ours polaires, morses et oiseaux arctiques, on peut profiter des conférences et présentations des spécialistes à bord, naturalistes ou experts en vie sous-marine. Des radeaux d’expédition gonflables et des hélicoptères permettent de profiter de la région de près. A condition de supporter le froid extrême qui règne dès qu’on sort à l’air libre. Quand le navire atteint les 90 degrés nord, il trouve un lieu d’accostage acceptable, abaisse la passerelle d’embarquement (si la glace le permet) et laisse les passagers se promener à terre voire, pour les plus hardis, plonger dans l’océan Arctique (personnellement, je n’ai pas essayé et ne le regrette nullement). Le champagne coule à flots et les festivités débutent, tandis que chacun rend hommage aux grands personnages qui arrivèrent les premiers à cet endroit malgré l’hostilité de l’étendue glacée. L’aventure arctique commence environ à un millier de kilomètres au sud du pôle Nord, 565 kilomètres au nord de la Norvège : l’archipe1 arctique de Svalbard (« côte froide » en norvégien), la masse terrestre la plus au nord d’Europe. Cette terre sauvage est composée de vastes icebergs grinçants, de montagnes enneigées et de fjords profonds. On la considère comme la capitale de la faune arctique. Les croisières vous permettent de frôler en kayak les grands icebergs et les morses imposants, les phoques barbus, les renards arctiques et les rennes, ainsi que les ours polaires. Svalbard est pour beaucoup le meilleur endroit de l’Arctique – sinon de la Terre – pour les observer dans leur environnement naturel. Si vous y allez un jour, je dois cependant vous prévenir : le choc du retour à la civilisation est assez violent. Depuis que je suis revenu, je rêve chaque nuit de paysages glacés, de randonnées en motoneiges au milieu du silence et de la nuit sans fin. J’ai vu que de telles randonnées étaient également possibles en France. Craquera ? Craquera pas ? A lire sur le site de ce de randonnée en motoneige au Pole Nord.

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De loin en loin, ce sont des systèmes automobiles beaucoup plus riches, complexes et résilients que ceux que mettaient – ou croyaient mettre en place les constructeurs qui se sont structurés. Ils ont permis l’automobilisation des sociétés et la structuration de mobilités très hétérogènes et assez mal perçues et comprises par les constructeurs. Il en a résulté, au fil des ans, l’apparition et la spécialisation de toute une série de professions automobiles qui ont capté une part importante de la valeur. Ces professions ont été responsables d’une large part des « expériences automobiles » des ménages sans dépendre étroitement des constructeurs. Assureurs, garantisseurs, assisteurs, dépanneurs, carrossiers, distributeurs-stockistes, fabricants de matériels de garage, éditeurs de documentations techniques, marchands de VO, fast-fitters183, etc., la liste des acteurs vivant ainsi assez loin des constructeurs est longue. De même, on sait que des sociétés entières – pensons aux pays en voie de développement ou, plus près de nous aux pays d’Europe Centrale et orientales depuis leur entrée dans l’UE – ont pu s’automobiliser presque sans acheter de VN (Jullien, 2011). On sait aussi que, dans un pays comme la France, cette réalité automobile sans constructeur est vécue par une majorité de ménages. En effet, ce n’est qu’un petit tiers de leurs dépenses automobiles qui, directement et indirectement, entrent dans le chiffre d’affaires des constructeurs ou de leurs réseaux (cf. : partie 1). Si l’on accepte ainsi de considérer que les constructeurs ne sont pas l’automobile et que celle-ci est bien plus que cela, alors on peut appréhender la résilience des systèmes concernés. Ils sont beaucoup plus adaptables que ne le sont les constructeurs. Ils peuvent s’ajuster lentement et progressivement parce qu’une large part de la charge de l’ajustement aux nouvelles réalités, voire aux nouvelles technologies, ne leur incombe pas directement mais relèvent d’autres composantes. Les compétences qui sont sollicitées sont moins celles visibles et revendiquées par les constructeurs que celles, plus tacites, territorialisées et locales, de tous les métiers des services automobiles. Comme les distributeurs américains des années 10 ou 20, ces services automobiles traduisent, adaptent et corrigent le discours et les process des constructeurs pour que les voitures continuent de rouler, pour que les ateliers continuent de pouvoir travailler.

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